Des bocaux débordant de produits variés sont soigneusement disposés sur la table – des légumes en saumure fraîchement préparés, des confitures et du concentré de tomates d’un rouge intense. À côté, un groupe de femmes découpe méticuleusement des carottes d’un orange vif et écrase des gousses d’ail, tandis qu’un autre épluche des pommes – tous venant s’ajouter aux piles grandissantes d’ingrédients frais, prêts à être transformés et conditionnés dans des récipients. En Afghanistan, où les moyens de subsistance des femmes sont limités, les femmes de Jabal Saraj ont fait de la production de légumes en saumure et de confitures une source de revenus.
Agriculture et alimentation
Depuis des générations, des communautés de la région de la Casamance, dans le sud du Sénégal, cueillent le madd, un fruit sauvage qui se développe sur des lianes enroulées autour d’arbres forestiers. L’été, les cueilleurs, souvent des jeunes, grimpent à des arbres qui peuvent pousser jusqu’à plus de 40 mètres de hauteur pour récolter à la main – ou à l’aide d’un long bâton – ce fruit orangé à la forme arrondie. Grâce à l’enregistrement du madd en tant qu’indication géographique par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle. les producteurs bénéficient d’une protection liée à l’appellation. Seuls les fruits cueillis dans la région désignée – la Casamance – et transformés conformément à un strict cahier des charges peuvent porter l’appellation protégée de « madd de Casamance ».
Paulo Benedito, pêcheur de longue date originaire de Quissanga, une petite ville côtière du nord du Mozambique, a été confronté à des changements dévastateurs en 2021 lorsque des insurgés islamistes armés ont attaqué sa communauté, le forçant, lui et sa famille, à fuir. Ils ont trouvé refuge au Centre Meculane pour personnes déplacées à l'intérieur du pays, où Paulo a dû passer de la pêche à l'agriculture. Malgré les difficultés, il a suivi avec enthousiasme la formation agricole proposée par la FAO. Il s'est rapidement distingué dans son nouveau rôle, préférant désormais l'agriculture à la pêche, car elle offre plus de stabilité et garantit la subsistance de sa famille.
Les variétés de blé indigènes ont pratiquement disparu des champs géorgiens et ont été remplacées par des variétés modernes créées par des obtenteurs professionnels. Des décennies d’agriculture centralisée à l’ère soviétique ont laissé de grandes coopératives d’État à la place des petites exploitations dont s’occupaient des familles d’agriculteurs de génération en génération. C’est là que Tamriko Jinjikhadze, agronome au Centre de recherche scientifique sur l’agriculture de Géorgie, est intervenue pour inverser la tendance inquiétante de la perte de diversité génétique.
Pour Mário Sadique, pêcheur, la mer revêt depuis longtemps une importance vitale, mais apporte aussi son lot de difficultés constantes. Malgré son dur labeur, ses prises étaient souvent maigres. Des dispositifs de concentration du poisson ancrés (DCPa), mis en place par la FAO et le Gouvernement du Mozambique, ont aidé à attirer des poissons, qui sont ainsi plus faciles à capturer.
La FAO a publié un rapport complet sur la situation des quelque 1,3 milliard de jeunes âgés de 15 à 24 ans dans les systèmes agroalimentaires. Ce rapport examine et met en avant leur rôle crucial dans la transformation des systèmes agroalimentaires. En effet, la génération actuelle de jeunes, lesquels sont les principaux acteurs du changement, doit accroître la production alimentaire, remplacer une main-d’oeuvre vieillissante et s’adapter aux phénomènes climatiques extrêmes de plus en plus fréquents.
De la plus haute forêt de nuages des Andes au plus petit poisson d’eau douce au Chili, la biodiversité forme un tissu invisible qui relie les écosystèmes entre eux et préserve la production agricole et la sécurité alimentaire. L’Amérique latine et les Caraïbes abritent l’une des plus grandes concentrations de biodiversité au monde. Consciente de l’importance de la biodiversité, en particulier dans le cadre des systèmes agroalimentaires, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en collaboration avec le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), favorise les activités de conservation en Amérique latine. Voici trois projets visant à préserver et restaurer les écosystèmes du Brésil, du Chili et du Venezuela.
Ruth est l'une des 70 femmes awajún qui protègent la forêt des Nuwas, une forêt située dans la région péruvienne de l'Amazonie, et considère ainsi qu’elle est une gardienne de l'avenir. Soutenues par Avanzar Rural, qui a reçu 71,47 millions d'USD de cofinancement de la part du FIDA, du Gouvernement péruvien et d'autres partenaires, Ruth et ses collègues cultivent des plantes médicinales, protègent et répertorient les espèces autochtones, font découvrir la forêt aux visiteurs et participent au reboisement.
« Ce n'est pas pour moi que je reboise les forêts. Un jour, je ne serai plus là. Ce sont celles et ceux qui resteront qui jouiront de l'environnement, de l'air et de tout ce que nous leur laisserons », explique Ruth.
La santé végétale constitue le socle de la sécurité alimentaire et est donc au cœur de l’approche «Une seule santé». Des végétaux sains fournissent les aliments et les nutriments nécessaires à notre bien-être, servent de nourriture aux animaux et contribuent à l’équilibre des écosystèmes. Lorsque des végétaux sont infestés par des organismes nuisibles, cela a un effet néfaste sur la santé humaine car la quantité et la qualité de la nourriture s’en trouvent diminuées. Ils peuvent propager des agents pathogènes nocifs aux animaux, favoriser les zoonoses et détruire les écosystèmes fragiles nécessaires à la culture de végétaux sains.
Un champignon qui se déplace dans l’air provoque une maladie appelée la rouille du blé, qui menace un aliment de base en Asie centrale et dans le Caucase. Or, les maladies des végétaux, comme celles qui touchent les êtres humains, ne connaissent pas de frontières. Face à cette menace invisible, une coalition très pragmatique s’est formée. Avec le soutien de la FAO et du Gouvernement de Türkiye, des scientifiques, des agriculteurs et des gouvernements ont uni leurs forces.
Au cœur des collines luxuriantes qui surplombent les rives nord du lac Victoria, une nouvelle exploitation voit le jour. Waiswa Aggrey Mubeerwa, qui en est le jeune directeur, attend qu’elle arrive à maturité pour pouvoir expédier ses produits vers des marchés lointains. À la fin de l’année 2024, dans le cadre d'un projet mis en œuvre par la FAO en collaboration avec le Gouvernement de l’Ouganda, environ 200 000 boutures de mûrier (dont les feuilles constituent la seule nourriture des vers à soie) avaient été distribuées à 35 agriculteurs et une formation à l’art d’obtenir les cocons, à partir desquels la soie est filée, avait été dispensée à 44 agriculteurs. Au cours de cette formation, les agriculteurs ont étudié les différentes phases de croissance des larves, ont reçu des conseils en matière d’alimentation et ont été sensibilisés à l’importance de maintenir un environnement propre et bien ventilé.
Au cœur des paisibles forêts du district de Nawalpur au Népal, une révolution est en train de prendre racine avec les outils les plus improbables qui soient: des broyeurs et des amas de compost. Un groupe de femmes de la municipalité de Binayi Triveni s’emploie à transformer ce qui était l’une des plus grandes menaces pour la région en une activité économique prometteuse. Grâce à son travail, Meena a non seulement fait émerger une économie locale florissante, mais elle a également contribué à réduire de 70 pour cent les incendies de forêt au cours des 12 derniers mois.
Givi Chubinidze vit au milieu de vignes plantées à l’époque de ses ancêtres. Ici, des variétés endémiques comme le tsitska, le krakhuna et l’adanasuri font partie du paysage local et du patrimoine culturel depuis des siècles. Givi a même baptisé son exploitation viticole « Nanua », en hommage à son aïeul, maître de chai pour le dernier roi d’Iméréthie. Aujourd’hui, il cultive et vendange environ 120 variétés et estime que les cépages géorgiens sont « le trésor, le patrimoine et l’histoire du pays ». En 2024, Givi a reçu une subvention de contrepartie de l’, par l’intermédiaire du Programme européen de voisinage pour l’agriculture et le développement rural (ENPARD), lui permettant de conjuguer normes modernes de sécurité sanitaire des aliments et méthodes de production traditionnelles et ainsi de renforcer la production de sa petite exploitation viticole.
Alex Sybron, 33 ans, est passé d'une carrière de joueur de cricket à celle de responsable de la sélection végétale de l’unité de recherche sur les plantes cultivées du centre de recherche public Bodles, en Jamaïque, où il se consacre à l'amélioration de la qualité des semences pour le secteur agricole. En collaboration avec la FAO, l'équipe de Sybron s'efforce de garantir des semences exemptes de maladies et de parasites, ce qui est essentiel pour améliorer la productivité des cultures. Les piments forts jamaïcains, connus dans le monde pour leur force et leur saveur, sont l'un des principaux produits d'exportation, mais les difficultés de production et la baisse de la qualité pèsent sur la demande et la compétitivité de ce produit emblématique. C’est pourquoi, la mise en place de pratiques optimales est l’un des points importants des formations menées par la à destination des agriculteurs jamaïcains.
Le palmier açaï constitue une ressource naturelle précieuse pour la communauté autochtone de Porvenir, dans le nord de la Bolivie. Avant 2009, cette communauté abattait les palmiers açaï uniquement pour récolter leur cœur fibreux, qui était ensuite transformé et vendu sous forme de cœur de palmier. Aujourd’hui, grâce au Mécanisme « forêts et paysans » de la FAO, elle a pu créer une association de producteurs forestiers axée sur une production artisanale et à petite échelle qui respecte l'environnement. En bâtissant une filière durable de l’açaï, la communauté de Porvenir a pu ainsi améliorer sa production et sa sécurité alimentaire et nutritionnelle, tout en préservant ses ressources forestières.