Les algorithmes trient nos CV, les intelligences artificielles r¨¦digent nos discours, et nos donn¨¦es personnelles s¡¯¨¦changent comme une monnaie parall¨¨le. Le num¨¦rique fa?onne nos vies ¨¤ une vitesse vertigineuse, souvent plus vite que les institutions ne savent le r¨¦guler. Mais pour le chef des droits humains de l'ONU, il est temps de reprendre la main.?

Aux yeux de Volker T¨¹rk, une chose est claire : ??Nous avons besoin de davantage de droits humains, pas de moins ?.

Devant les d¨¦l¨¦gu¨¦s r¨¦unis lundi ¨¤ Gen¨¨ve pour le?, qui se d¨¦roule du 8 au 11 juillet, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits humains a dress¨¦ un constat lucide, sans d¨¦tours : les technologies de l¡¯information et de la communication, jadis per?ues comme une promesse de d¨¦veloppement, sont devenues un champ de tensions et de risques majeurs.

? Les risques sont vastes : atteintes ¨¤ la vie priv¨¦e, bouleversements du march¨¦ du travail, discriminations, entraves ¨¤ la libert¨¦ d¡¯expression et d¡¯acc¨¨s ¨¤ l¡¯information ¨C voire alt¨¦ration de notre perception commune de la r¨¦alit¨¦ ?, a-t-il averti.

Ce sommet, lanc¨¦ pour la premi¨¨re fois en 2003, avait pos¨¦ les bases d¡¯une coop¨¦ration in¨¦dite entre gouvernements, entreprises, soci¨¦t¨¦ civile et institutions internationales, afin de mettre le num¨¦rique au service du progr¨¨s humain. Plus de deux d¨¦cennies plus tard, l¡¯heure n¡¯est plus ¨¤ l¡¯euphorie, mais ¨¤ la vigilance. ? Nos droits constituent une v¨¦ritable feuille de route pour affronter les immenses d¨¦fis pos¨¦s par les technologies en mutation rapide ?, a affirm¨¦ le Haut-Commissaire.

L¡¯¨¦thique ou le chaos

Volker T¨¹rk en appelle ¨¤ un sursaut collectif. Car si l¡¯on veut juguler la d¨¦sinformation, prot¨¦ger les donn¨¦es personnelles, combler la fracture num¨¦rique et lutter contre les biais algorithmiques, il faut, selon lui, s¡¯appuyer sur des principes clairs : les droits humains comme socle universel. Les ?tats, a-t-il rappel¨¦, ont des obligations juridiques. Les entreprises, quant ¨¤ elles, ont le devoir de respecter ces droits, y compris dans leurs choix technologiques.

Ce cadre, dit-il, permettrait de contenir les discours de haine en ligne, de restaurer la confiance dans l¡¯environnement num¨¦rique, et surtout, d¡¯¨¦largir la participation d¨¦mocratique ¨¤ l¡¯¨¨re de la d¨¦cision automatis¨¦e. ? Pour ¨¦largir la participation aux prises de d¨¦cisions au-del¨¤ d¡¯un cercle restreint ?, a-t-il insist¨¦.

Le temps presse

Le calendrier, lui, s¡¯acc¨¦l¨¨re. Dans les mois ¨¤ venir, les Nations Unies pr¨¦voient la mise en place de nouveaux m¨¦canismes sur la gouvernance des donn¨¦es et l¡¯intelligence artificielle. Des arbitrages cruciaux s¡¯annoncent. ? Nous avons une fen¨ºtre d¡¯opportunit¨¦ pour faire la diff¨¦rence ?.

Mais pour cela, un seul mot d¡¯ordre : l¡¯union. ? Nous devons unir nos forces ¨C ?tats, entreprises technologiques, organisations internationales, soci¨¦t¨¦ civile et autres ¨C pour b?tir un environnement num¨¦rique ouvert et inclusif, au service de toutes et tous, partout dans le monde ?.

Dans cette ¨¨re o¨´ la technologie avance plus vite que le droit, l¡¯ONU en appelle ¨¤ un sursaut ¨¦thique. Avant que la machine ne prenne d¨¦finitivement le dessus sur l¡¯humain.

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